PERSONNALITE DU PASSE: OSIRIS


Osiris, un philanthrope méconnu.
Pour certains le nom d’Osiris évoquera le dieu égyptien, en fait, il s’agit du pseudonyme d’un bordelais Daniel Iffla dit Osiris. Un personnage de légende. Le mystère entoure sa vie. Un ouvrage du  professeur Dominique Jarrassé éclaire sur le personnage, un philanthrope extraordinaire.
L’enfant nait dans une famille juive très modeste, rue sainte-Catherine près de la place du Général Sarrail, à l’époque 23 rue Bouhaut , le 23 juillet 1825. Son père était colporteur et son grand père, dont il hérita du prénom, soldat napoléonien, né à Salé au Maroc.
Après un passage  (où  il commence au plus bas de l’échelle comme commis pour finir fondé de pouvoir)  dans une banque tenue par un coreligionnaire bordelais Jules Mires, il s’installe à son compte pour des opérations boursières.  Et là, il fait fructifier de façon extraordinaire la dot de sa femme Léonie Carlier en investissant entre autres dans des ponts à péage pour les chemins de fer. Sa jeune femme décédait en mettant des jumeaux morts nés au monde. Sa vie en fut bouleversée, il passera le plus clair de son temps et de son argent pendant plus de cinquante ans, à faire du mécénat social, artistique, patrimonial.
Le développement de la bienfaisance
Il serait fastidieux d’énumérer ses interventions mais les vieux bordelais se souviennent du bateau soupe amarré quai des salinières où les pauvres pouvaient manger gratuitement jusqu'à la dernière guerre. Cet « asile de jour où seront reçus à des heures différentes fixées par la municipalité bordelaise, des ouvriers âgés et des indigents des deux sexes sans distinction de culte » fut financé par un don de deux millions de francs or. Il fonctionna jusqu’en 1940. Le bateau fut coulé par les allemands pendant la dernière guerre à Pauillac.
Au nom de la municipalité, Jacques Chaban-Delmas reçut à ce titre des indemnités de guerre. Il n’a pas choisi de reconstruire un bateau …  le maire fit donc transformer un asile de nuit en ce qui est aujourd’hui le Foyer Leydet. Une plaque dans l’une des entrées commémore l’origine du don.
Connues sont les six fontaines Wallace dont il fit cadeau à la ville de Bordeaux. Il en subsiste trois dont il avait prévu les implantations. L’une au jardin public, l’autre dans le jardin de la mairie et la troisième place du général Sarrail à coté de l’endroit qui l’avait vu naître. Cette dernière connut quelques mésaventures, l’architecte Wilmotte, en 2004 la supprima et la municipalité de l’époque la transporta place Stalingrad à la Bastide où elle n’avait plus aucun sens ! Le maire suivant, Hugues Martin n’eut de cesse de la faire revenir à son emplacement initial. Grâces lui soient rendues. Malheureusement elle n’est plus alimentée en eau.
L’activité généreuse de Daniel Iffla Osiris était sans limites. Il restaura aussi de Strasbourg à Brest de Dunkerque à Perpignan toutes les tombes de tous les députés qui votèrent, en 1789, à l’initiative de l’abbé Grégoire la loi d’émancipation des juifs, fit exécuter des plans pour la reconstruction du temple de Jérusalem, finança l’œuvre « du pain pour tous », qui construisit dans Paris des fours populaires pour une distribution gratuite de pain, à Paris encore, deux pavillons dans l’hôpital de la Salpêtrière, financés par lui, portent son nom …
En conflit avec le jésuitique président du consistoire de l'époque, il se retira du projet de financement de la synagogue de Bordeaux et construisit celle de la rue Buffaut à Paris, sa synagogue personnelle d'Arcachon et bien d'autres.
Lorsqu’il décède en 1907, l’ouverture de son testament réserve quelques surprises à sa famille, sa nièce et sa petite nièces, mariées l’une avec Sacha Guitry, l’autre avec Claude Debussy. Il fait légataire universel de sa fortune l’Institut Pasteur. La plus grosse donation jamais reçue par cette institution : 36 millions de francs or !
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